Présentes sur la quasi totalité du Globe, les orchidées constituent une des familles les plus importantes du règne végétal avec plus de 30 000 espèces. Si la plupart sont tropicales ou équatoriales, nos latitudes recèlent néanmoins de nombreuses espèces. Il en existe en effet plus de 160 espèces en France et 70 en Suisse, toutes présentes en France également. Notre site ne vise pas à faire un inventaire exhaustif des espèces franco-suisses, mais à montrer celles que nous avons croisées au cours de nos différentes sorties dans la Nature soit actuellement 132 espèces auxquelles s’ajoutent les espèces rencontrées à l’étranger, en Europe ou dans le Monde.

  • Morphologie

Les orchidées font parties des Monocotylédones tout comme les graminées, les palmiers ou encore les bananiers avec qui elles ont en commun de n’avoir qu’une seule feuille à la germination de l’embryon. Les Monocotylédones se caractérisent aussi par des feuilles à nervures parallèles auxquelles la Goodyère rampante déroge toutefois, ainsi qu’une construction florale de type 3. C’est à dire que ces plantes possèdent 3 sépales, 3 pétales et 3 étamines, ces dernières ayant toutefois évolué n’en laissant apparaître clairement qu’une seule. De ce fait, toutes les orchidées possèdent les mêmes caractéristiques morphologiques.

  • Système racinaire

Toutes nos orchidées sont géophytes, c’est à dire qu’elles poussent en terre contrairement à beaucoup d’espèces exotiques qui sont épiphytes. La plupart de nos espèces possèdent des racines sous la forme de deux tubercules. Le mot Orchis provient d’ailleurs de la forme de ces tubercules évoquant des testicules.Néanmoins quelques espèces ont un système racinaire en rhizomes comme le Sabot de Vénus, la Néottie nid d’oiseau ou l’Epipogon sans feuille. Enfin deux de nos espèces possèdent des pseudobulbes : le Liparis de Losel et le Malaxis des tourbières.

Orchis mascula
Orchis mascula
Cypripedium calceolus
Cypripedium calceolus
Liparis loeseli
Liparis loeseli
  • feuilles

Les feuilles des orchidées sont toutes à nervures parallèles, sauf la Goodyère rampante qui présente des ramifications. La plupart des espèces possèdent des feuilles verte, souvent glabres, à leur base formant une rosette et qui permet de repérer les orchidées en dehors de leur période de floraison. Quelques espèces comme les Epipactis par exemple possèdent des feuilles insérées le long de la tige et enfin certaines n’ont pas de feuilles ou seulement des feuilles relictuelles comme l’Epipogon sans feuille par exemple.

  • fleurs

Généralement, les fleurs de nos orchidées sont réunies en inflorescence plus ou moins dense et compact, chaque fleur étant alors appelée fleuron. Seul le Sabot de Vénus échappe à cette règle et possède des fleurs isolées. Autre particularité, cette de l’Orchis singe dont la floraison commence par les fleurons du haut de l’inflorescence pour descendre progressivement vers le bas. Toutes les espèces possèdent un périanthe composé de 3 sépales situés à l’arrière de la fleur et 3 pétales. La particularité des orchidées tient dans l’évolution d’un des pétales pour assurer la reproduction de la plante. Ce pétale particulier s’appelle le labelle. C’est ce labelle qui donne aux orchidées leur forme si attrayant. Ce dernier est tantôt un leurre sexuel comme chez les Ophrys, tantôt une piste d’atterrissage ou un piège provisoire comme chez le Sabot de Vénus. Les 2 pétales latéraux sont parfois réunis avec les sépales pour former un casque.

A l’aisselle des fleurs, se trouve régulièrement des bractées, elles peuvent être déterminantes chez certaines espèces.

Certaines orchidées possèdent un éperon destiné à renfermé le nectar, il est plus ou moins long suivant les espèce et s’avère également un critère de détermination pour certaines espèces comme les Gymnadénies par exemples.

Les pièces reproductrices de la fleurs se compose du gynostème qui rassemble les organes mâles et femelles. Les étamines sont ainsi réduites à leur partie fertile, l’anthère composé de deux sacs de pollen aggloméré, les pollinies.

L’ovaire quant à lui est situé à l’arrière des sépales, une fois fécondé il gonflera jusqu’à donner une capsule remplie de millions de graine. Le plus connu des ovaires d’orchidées étant la gousse de vanille (Vanilla planifolia).

Ophrys aveyronensis
Ophrys aveyronensis
P. bifolia X P. chlorantha
P. bifolia X P. chlorantha
Epipactis atrorubens
Epipactis atrorubens
Anacamptis laxiflora
Anacamptis laxiflora
  • Biologie

Les graines d’orchidées sont tellement petites qu’elles ne disposent pas de réserve alimentaire pour leur permettre de germer. Pour se faire, elles doivent s’associer avec un champignon qui lui fournira les nutriments nécessaires. Les espèces suffisamment pourvu de chlorophylle pourront ensuite continuer leur développement toutes seules, mais les espèces sans chlorophylle ou en ayant qu’une trop faible quantité comme la Néottie nid d’oiseau ou le Limodore à feuilles avortées, seront dépendantes toute leur vie de cette association avec le champignon, appelée mycorhize.

Une fois mature, comme toute les plantes, les orchidées devront assurer leur reproduction. Elle peut être soit reproduction sexuée soit végétative.La reproduction sexuée fait intervenir l’intermédiaire d’un insecte qui assure le transport du pollen d’une fleur vers une autre. C’est le rôle notamment du labelle que d’attirer cet insecte. Les Ophrys ont pour stratégie de posséder un labelle qui imite le corps d’un insecte. Des pseudo-yeux, des poils, une forme et une couleur mimétiques, les mâles de l’espèce d’insecte visée croient voir une de leur femelle et viennent se poser sur la plante pour s’accoupler. Se faisant, ils se collent les pollinies sur la tête et ne manqueront pas de les transporter vers une autre fleur sur laquelle ils tenteront à nouveau leur chance. D’autres espèces dispose d’un éperon qui fournit du nectar comme les Platanthères. Le labelle ne sert alors que de piste d’atterrissage pour l’insecte. En l’occurrence des papillons de nuit, ce qui explique la couleur blanche de leurs fleurs. Les Epipactis ne disposent pas d’éperon, mais certains attirent des insectes suceurs en produisant du nectar dans la coupelle que forme leur labelle : l’hypochile. Enfin le labelle peut également servir de piège, c’est le cas de celui du Sabot de Vénus qui attire des abeilles par son parfum. L’insecte tombe dans la poche formée par le labelle et n’a d’autre choix pour en sortir que d’utiliser le passage étroit situé à l’arrière du labelle et dans lequel il s’enduira de pollen.

Outre la reproduction sexuée, certaines espèces peuvent aussi se reproduire par la ramification de leurs organes sous-terrains. se forment alors des colonies denses de la même plante comme c’est souvent le cas pour le Sérapias langue ou l’Ophrys jaune par exemple.

Neottia nidus-avis
Neottia nidus-avis
Ophrys insectifera
Ophrys insectifera
Serapias lingua
Serapias lingua
  • Biotopes

Si les orchidées ont su s’adapter à un grand type de milieux, certains sont néanmoins plus favorables que d’autres.

  • garrigues et maquis

Les milieux méditerranéens sont propices à bon nombre d’espèces. Les garrigues et les maquis caractérisés par une végétation buissonnante basse sont des milieux très secs favorables à plusieurs espèces d’Ophrys ou de Sérapias par exemple.

  • pelouses sèches

Les pelouses sèches sont plus largement réparties en France comme en Suisse. Il s’agit de milieux calcaires bien exposés au soleil qui permette le maintien d’une végétation méditerranéenne. Sans receler les espèces purement méridionales, on y retrouve néanmoins des Ophrys, des Orchis, des Anacamptis

  • prairies inondables

Les prairies naturelles humides sont le milieu de vie privilégié de plusieurs Dactylorhizes.

  • forêts et boisements

L’ombrage des forêts et boisements abrite aussi des orchidées, notamment la plupart des Epipactis, les Céphalanthères ou encore le l’Epipogon sans feuille pour n’en citer que quelques unes.

  • alpages et milieux montagnards

Les praires et alpages de montagne abritent les Nigritelles, l’Orchis miel ou encore l’Orchis globuleux

  • Protection

Aujourd’hui la plupart de nos orchidées sont menacées de disparition. Intensification des pratiques agricoles, abandon des terrains les moins rentables, grignotage des milieux naturels pour l’extension de l’urbanisation ou des voies de transport, développement des activités de plein air… les causes qui conduisent à la régression des orchidées sont nombreuses. C’est pourquoi elles méritent d’être protégées et mieux prises en compte par les pouvoirs publiques notamment, d’autant, que du fait de leur sensibilité aux perturbations de leur biotope, elles sont le reflet d’un milieu naturel en bonne santé et donc favorable à de nombreuses autres espèces tant végétales qu’animales.

La Suisse a choisi d’inscrire sur la liste des espèces protégées l’ensemble des d’orchidées de son territoire. En France, quelques espèces sont inscrites sur la liste de protection nationale, d’autres ont été ajoutées sur les listes régionales. Si pour toutes les espèces protégées par la loi, il est clairement interdit de les cueillir, de les arracher ou des les transporter, il serait raisonnable d’appliquer les mêmes restrictions à l’ensemble des orchidées indigènes.

Orchis pauciflora, Protégée au niveau national en France
Orchis pauciflora, Protégée au niveau national en France
Spiranthes aestivalis, Protégée au niveau national en France
Spiranthes aestivalis, Protégée au niveau national en France
Epipogium aphyllum, Protégée au niveau national en France
Epipogium aphyllum, Protégée au niveau national en France