En stage photo sous la pluie et dans le vent au Creux-du-Van en Suisse, j’ai pu croiser quelques orchidées aux pieds des Bouquetins des Alpes. Nombreux, les Orchis mâles – Orchis mascula était en fin de floraison et quasi passés. Les Orchis grenouilles – Coeloglossum viride étaient bien présents et en fleurs. Commençaient leur floraison Gymnadénie moustique – Gymnadenia conopsea et enfin j’ai pu observer un pied de Nigritelle d’Autriche bien fleuri – Gymnadenia austriaca.
Dactylorhize de la vallée de Joux
De passage en vallée de Joux (Suisse) lors d’un stage photo, nous avons pu croiser côte à côte 3 espèces de Dactylorhizes différentes. De nombreux pieds hybrides sèment également le trouble au sein de la station…
Dactylorhiza majalis | Dactylorhiza incarnata | Dactylorhiza maculata – 13 juin
Difficile de différencier ces espèces sans un œil averti, mais Dactylorhiza majalis montrait des feuilles tachetées, le labelle est plié et les plantes arrivaient en fin de floraison. Dactylorhiza incarnata possède des feuilles non tachetées et de toutes petites fleurs non pliées. La floraison est étalée, certains pieds étaient très fanés alors que d’autres encore en cours de floraison. Enfin plus rare, Dactylorhiza maculata possédait des feuilles très tachetées, presque entièrement teintées de pourpre, le labelle est bien large et blanc avec des dessins contrastants. Le lobe médian de la taille des latéraux le distingue du plus commun Dactylorhiza fuchsii.
Spiranthe d’été vs Spiranthe d’automne
Le genre Spiranthes est largement réparti, s’étendant de l’Amérique du Nord à l’Asie et l’Australie. En Europe, seules 4 espèces sont présentes et seulement 2 en France et en Suisse. La première à fleurir est la Spiranthe d’été – Spiranthes aestivalis qui s’épanouit entre juin et août. La seconde plus tardive, la Spiranthe d’automne – Spiranthes spiralis, est la dernière orchidée de la saison avec une floraison qui varie entre fin août jusqu’en octobre. Outre ces différences de phénologie, les deux espèces occupent des biotopes très différents. Spiranthes aestivalis pousse sur des sols gorgés d’eau (marécages, tourbières) alors que Spiranthes spiralis préfère des sols secs (pelouses calcaires, dunes littorales, prés maigres). Enfin, si les deux espèces ont une morphologie assez proche, Spiranthes aestivalis présente une allure « en bataille », avec des fleurons plutôt opposés les unes aux autres alors que Spiranthes spiralis présente une rangée de fleurons bien ordonnés.
Spiranthes aestivalis
Spiranthes spiralis
Amélioration des galeries
Le site évolue légèrement, en premier lieu, plein de nouvelles photos sont venues alimenter les différentes espèces présentées. Désormais, vous pouvez savoir si un taxon se trouve en France ou en Suisse grâce aux drapeaux qui accompagne son nom. Enfin, le nom des espèces est en train d’être modifié progressivement pour adopter la systématique proposée par Rolf Kühn, Henrik AE. Pedersen et Philip Cribb dans l’ouvrage Orchidées d’Europe & de Méditerranée – 2020 – Editions Biotope. Leur approche de rassemblement et la prise en compte de la variation spécifique correspondant le mieux à notre vision. Toutes ces modifications prennent du temps et il se peut qu’il reste quelques coquilles au moment de votre visite…
Gymnadénie moustique vs. Gymnadénie odorante
Dans un marais du Valais, j’ai pu croiser ces derniers jours les deux Gymnadénies présentes en Suisse. Pour les différencier, le critère le plus simple est de se fier à la longueur de leur éperon. La Gymnadénie moustique (ou Orchis moustique) – Gymnadenia conopsea, possède un éperon très long alors que l’éperon de la Gymnadénie odorante – Gymnadenia odoratissima est court, plus court que l’ovaire. G. odoratissma se trouve exclusivement dans des marais alcalin très humide alors que G. conopsea préférera les milieux plus secs. L’hybride entre les 2 peut être difficile à identifier, il ne faut pas le confondre avec G. pyreniaca (G. longicalcarata selon les auteurs) qui pousse de manière très localisées sur coteaux calcaires très secs.
Platanthère à deux feuilles vs. Platanthère verdâtre
La Platanthère à deux feuilles – Platanthera bifolia et la Platanthère verdâtre – Platanthera chlorantha se ressemblent forcément puisqu’elles appartiennent au même genre. Pourtant il est assez aisé de les différencier. Il suffit de regarder au cœur de la fleur , les anthères (sacs de pollen) sont parallèles et très rapprochées chez la Platanthère à deux feuilles alors qu’elles sont inclinées et éloignées chez la Platanthère verdâtre. Plus difficile à identifier, l’hybride présente des anthères parallèles mais écartées.
Platanthera bifolia – 27 mai – Valais, Suisse
Platanthera chlorantha– 8 mai – Touraine, France
Orchis mâle vs Orchis bouffon
Le néophyte se perd parfois dans la détermination des orchidées et je vois fréquemment des erreurs pourtant simples à corriger. Dans les prairies d’alpages suisses, se côtoient par exemple l’Orchis mâle – Orchis mascula (ou Androrchis mascula) et l’Orchis bouffon – Anacamptis morio. Ces deux orchidées n’ont en commun que leur couleur. Généralement plus grand et plus élancé, l’Orchis mâle possède deux sépales latéraux relevés ressemblant à des oreilles de lapin. Chez l’Orchis bouffon, les sépales sont recourbés et forment un casque. Ils présentent toujours des rayures vertes qui rendent cette orchidée immédiatement identifiable.
Goodyère rampante
Partis chercher l’Epipogon sans feuille (Epipogium aphyllum), c’est finalement seulement quelques pieds de Goodyère rampante que nous avons croisé hier dans la Valais suisse. Alors qu’il y a 5 ans nous avions trouvé à la même date plusieurs pieds de Céphalanthère rouge (Cephalanthera rubra) encore bien en fleurs, des Epipactis à larges fleurs (Epipactis helleborine) et plusieurs dizaines d’Epipogons sans feuille, cette année, les Céphalanthères rouges sont déjà toutes en fruits, les Epipogons sans feuille restent introuvables et les Epipactis à larges fleurs commencent à être tous bien défraîchis. Par contre la rareté des orchidées nous a incité à une prospection plus pousséeet nous aura permis de découvrir sur le site la Goodyère rampante (Goodyera repens) que nous ne connaissions pas à cet endroit. Bien que majoritairement en fin de floraison quelques pieds étaient encore frais avec même des boutons encore fermés.